Sous la direction du roi Louis XIV, la France a acquis une position dominante sans précédent en Europe et sa culture s'est épanouie. La cour de Louis était réputée pour sa splendeur et son raffinement. Grâce à son mécénat éclairé, il a contribué à faire progresser les arts dans tous les domaines. Tout ce qui était français était en vogue sur le continent.
L'héritage du Roi-Soleil n'est pas moins martial que culturel. Trois années sur cinq de son règne sont troublées par des guerres. Louis aspirait à être un grand roi, un autre Charlemagne, mais les historiens continuent de débattre pour savoir s'il mérite l'épithète de "grand". A-t-il sauvé la France, embourbée dans les conflits civils connus sous le nom de guerres de la Fronde, ou son règne absolu a-t-il précipité la Révolution de 1889 ?Ce qui est incontestable, c'est que Louis et la formidable machine militaire qu'il a commandée ont élevé la France à une position de prééminence de son vivant et pendant un siècle.
Les excursions militaires de Louis peuvent être divisées en quatre conflits distincts : la guerre de dévolution avec l'Espagne, la guerre de Hollande, la guerre du Palatinat et la guerre de Succession d'Espagne - cette dernière pouvant être considérée comme le premier conflit véritablement mondial de l'ère moderne. Ses succès les plus spectaculaires surviennent très tôt, alors qu'il dispose encore d'une poignée de ministres brillants (Jean-Baptiste Colbert et François-Michel le Tellier, marquis de Louvois) et des maréchaux (Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne ; Louis II de Bourbon, prince de Condé ; et François-Henri de Montmorency, duc de Luxembourg).
Lorsque Louis, âgé de quatre ans, monte sur le trône en 1643, la France possède déjà une excellente armée, mais Louis et son ministre de la guerre, Louvois, élèvent encore le niveau de professionnalisme. Dès sa nomination en 1666, Louvois introduit des uniformes, des équipements améliorés tels que des mousquets à silex et des baïonnettes à douille, ainsi qu'une organisation révisée avec un système de rangs fixes. Après 1668, l'armée de l'air de l'Union européenne se dote d'une nouvelle armée.L'armée française est portée à 170 000 hommes (la France est alors le pays le plus peuplé d'Europe, avec environ 18 millions d'habitants). Sous la direction de son ministre des finances, Colbert, la marine française passe d'une escadre de 20 navires à une flotte de 270 navires en 1677. Louis a également à sa disposition le plus grand ingénieur militaire de l'époque, Sébastien le Prestre de Vauban, concepteur du bastion en forme d'étoile.
Sur le plan international, le moment est venu de modifier l'équilibre des forces. L'Espagne, jadis puissance mondiale, connaît un déclin rapide. L'Allemagne et l'Italie sont encore des ensembles disparates de principautés mineures. Les Turcs ottomans sont de nouveau actifs et maintiennent les forces de l'Autriche des Habsbourg immobilisées dans les Balkans. L'Angleterre est gouvernée par la maison Stuart, qui a du sang français et n'est pas mal disposée à l'égard de l'Allemagne et de la France.À partir de 1668, Louis XIV s'efforce de maintenir l'Angleterre dans une situation de neutralité, voire d'alliance avec la France.
À la mort de Philippe IV d'Espagne en 1665, Louis saisit l'occasion d'envahir les Pays-Bas espagnols (l'actuelle Belgique) et la Franche-Comté (l'actuelle Bourgogne), deux provinces plus françaises qu'espagnoles. Louis invoque les "droits" de son épouse sur ces terres, fille du défunt roi d'Espagne. En mai 1667, l'armée française, commandée par Turenne, s'avance dans la région et, à la fin de l'année 1667, elle est en mesure d'atteindre les objectifs fixés.En août, il s'empare des villes flamandes de Charleroi, Armentières, Tournai, Douai et Lille. À Lille, Louis fait une apparition personnelle sur les lignes de front.
L'Europe est stupéfaite. L'Espagne a été la puissance dominante pendant si longtemps que personne ne pensait qu'une victoire aussi facile contre elle était possible. Mais Louis savait mieux que cela. Il croyait que les batailles se gagnent avant de commencer ; par conséquent, sa campagne avait été soigneusement préparée avant d'être lancée. Des traités secrets avaient été conclus avec l'Autriche et le Portugal, et les princes allemands avaient été soudoyés pour qu'ils ne participent pas à l'affrontement.Cette campagne a donné au Roi-Soleil un modèle pour l'avenir : loin d'être un guerrier grandiloquent ou passionné, il menait ses guerres en calculant soigneusement et délibérément.
Après l'entrée des Français en Franche-Comté le 2 février 1668 et leur rapide domination, les puissances européennes commencent à conspirer contre Louis. L'hégémonie espagnole est peut-être en recul, mais personne ne souhaite voir la France supplanter l'Espagne. Le 7 février, les Pays-Bas, l'Angleterre et la Suède concluent une alliance dirigée contre la France. Face à cette menace, Louis accepte prudemment l'accord de l'Union européenne sur les droits de l'homme et la démocratie.Le traité d'Aix-la-Chapelle, par lequel il restitue la Franche-Comté à l'Espagne, ne lui laisse qu'une partie de la Flandre. Le territoire acquis par Louis est toutefois précieux, car il fournit à la France une frontière septentrionale défendable. Il lui offre également un tremplin pour attaquer les Pays-Bas, la plus importante des puissances qui l'ont contraint à signer le traité.
L'Angleterre, encore sous le coup des défaites subies sur mer face aux Hollandais et désireuse de réduire la domination commerciale des Pays-Bas, accepte une alliance avec la France. Louis envahit alors les Pays-Bas avec confiance le 29 avril 1672. Les Hollandais se révèlent cependant des adversaires plus coriaces que les Espagnols.
Le 12 juin, Turenne et Condé traversent le Rhin et battent les Hollandais, ce qui fait monter la réputation de l'armée française et provoque des célébrations en France. Le 20 juin, Utrecht se rend. Quelques jours plus tard, les Français sont devant Amsterdam. Le gouvernement hollandais tente de négocier la paix, mais les exigences françaises sont si exorbitantes que, le 27 août, un soulèvement populaire renverse le gouvernement hollandais et l'emporte sur l'armée française.La réponse désespérée de Guillaume à la menace française fut d'ordonner l'ouverture des digues, transformant littéralement Amsterdam en île.
Une impasse s'ensuit, les Français se livrant à une cruelle guérilla dans les campagnes hollandaises. L'empereur des Habsbourg rejoint les Hollandais, de même que le Brandebourg et l'Espagne. Les armées de Louis reprennent la Franche-Comté - qui devient définitivement la province française de Bourgogne - et battent les Autrichiens en Lorraine. Le 5 janvier 1675, Turenne bat les forces impériales à Turckheim, ce qui permet à nouveau aux Français de s'emparer de la province française de Bourgogne.Mais le 27 juillet, Turenne est tué à Sasbach et Condé se retire. Les Français continuent néanmoins à remporter des victoires, leur roi participant encore occasionnellement à des batailles et à des sièges, comme la prise de Valenciennes le 17 mars 1677.
En août 1678, la guerre se termine enfin par la signature du traité de Nimègue, qui est à nouveau un triomphe français aux dépens de l'Espagne : Louis acquiert la Lorraine, l'Alsace, la Bourgogne, Fribourg et Brisach, ainsi qu'une plus grande partie de la Flandre.
Louis conçoit alors un nouveau plan de conquête. Il crée les Chambres de la Réunion, un comité dont la tâche est de passer au peigne fin les archives relatives à toute revendication que la France aurait pu avoir sur les territoires d'Alsace-Lorraine. Si la France a déjà contrôlé une région, Louis est déterminé à ce qu'elle le fasse à nouveau. Une fois la liste dressée, il entame le lent processus d'annexion des terres. La plupart des acquisitions sont de petite taille, appartenant à la région de l'Alsace-Lorraine.à des princes allemands mineurs, ce qui ne vaut guère une déclaration de guerre. Cependant, lorsque Louis annexe la ville impériale de Strasbourg en 1681, puis celle de Luxembourg en 1684, il va encore trop loin. En 1686, une coalition, connue sous le nom de Ligue d'Augsbourg, commence à se former contre lui. En 1688, à la consternation de Louis, son implacable adversaire hollandais, Guillaume d'Orange, renverse le roi Jacques II d'Angleterre et ajoute par la suite le roi de France à la liste des princes allemands, ce qui lui vaut une déclaration de guerre.l'Angleterre à la Ligue d'Augsbourg, aux côtés des Pays-Bas, de l'Espagne, de la Savoie, de la Suède et de l'empire des Habsbourg.
Conscient de l'imminence de la guerre, Louis frappe le premier en envahissant le Palatinat. Là encore, les forteresses tombent rapidement devant l'armée française, mais quel que soit le nombre de batailles remportées par les Français, la Ligue d'Augsbourg aligne une autre armée. Pour la Ligue, il s'agit d'une guerre sans objectif palpable, si ce n'est celui de réduire la puissance de la France.
L'événement le plus important se produit le 10 juillet 1690, lorsque la marine française, sous les ordres de l'amiral Anne Hilarion de Costentin, comte La voie était alors ouverte pour une invasion de l'Angleterre et une tentative de rétablissement de Jacques II sur le trône d'Angleterre, mais cette opportunité fut perdue lorsque Tourville perdit 12 navires à la suite des batailles de Barfleur et de La Hougue en mai et juin 1692.
Avec la chute de Namur en 1695, le mythe de l'invincibilité française commence à s'effriter : les plus grands maréchaux de Louis sont morts, tout comme son ministre de la guerre, Louvois, décédé en 1691, et le jugement du Roi-Soleil lui-même, vieillissant, commence à montrer des signes de déclin.
En 1697, Louis en a assez et conclut le traité de Rijswijk, par lequel la France rend tout ce qu'elle a pris depuis le traité de Nimègue - la Lorraine, la Catalogne, la Flandre, le Luxembourg, les forteresses rhénanes - à l'exception de Strasbourg et des territoires alsaciens. À l'intérieur du pays, les Français qui avaient décrié la guerre de dix ans se plaignent à présent que trop de choses ont été données. Néanmoins, la France n'est pas en mesure de faire face à cette situation,La France reste la première puissance d'Europe et Louis pense peut-être déjà aux possibilités qu'offre la situation politique en Espagne.
Carlos II d'Espagne, surnommé "Carlos l'ensorcelé", était un roi congénital sans héritier. Il y avait trois successeurs possibles à la couronne espagnole, mais celui de Bavière est mort avant Carlos. Les deux candidats restants étaient l'Autriche des Habsbourg et la France des Bourbons. Celui qui succéderait à Carlos aurait la possibilité de gagner les vastes domaines de l'Espagne, qui s'étendaient de la Sicile à la Belgique et de l'Italie à la France.De l'Amérique du Sud aux Philippines.
L'Espagne a déjà été sous la domination des rois Habsbourg, et leur domination sur la France remonte à moins d'un siècle. Louis XIV ne veut pas voir la France à nouveau entourée par les Habsbourg, pas plus que le roi Guillaume III d'Angleterre, dont les Pays-Bas ont déjà été sous la domination directe de l'Espagne. Les deux anciens ennemis conspirent donc pour trouver un compromis. L'Autriche,a toutefois rejeté catégoriquement leur proposition de partage des possessions espagnoles.
Les Espagnols, tout aussi opposés à cette idée, se tournent vers le testament de Charles II, rédigé un mois avant sa mort, le 1er novembre 1700, qui désigne clairement son successeur comme étant "le second fils du Dauphin de France, successeur de tous ses royaumes, sans aucune exception", c'est-à-dire Philippe de Bourbon, duc En cas de décès de Philippe, le trône d'Espagne reviendrait à la maison autrichienne des Habsbourg.
Louis XIV est confronté à la plus grande décision de sa vie, mais il n'a d'autre choix que de placer son petit-fils de 16 ans sur le trône, déclarant avec grandiloquence l'élimination des frontières entre la France et l'Espagne en disant : "Désormais, il n'y a plus de Pyrénées" Le résultat, prévisible, est une nouvelle guerre, opposant la France et la Bavière à une Grande Alliance composée de l'Autriche, de la Prusse, du Hanovre, du Portugal, des Pays-Bas et de la France.Angleterre, bientôt rejoint par le duc de Savoie.
Louis tente les habituelles manœuvres d'ouverture agressives, mais son armée n'a plus de grand chef, alors que l'Angleterre a Sir John Churchill, futur duc de Marlborough, et que les Autrichiens sont commandés par le tout aussi brillant prince Eugène de Savoie. Les Français perdent une succession de batailles, notamment à Blenheim le 13 août 1704 - leur pire défaite terrestre depuis des siècles - qui les prive définitivement d'une grande partie de leurs forces vives.de Bavière, et à Ramillies, le 22 mai 1706, qui les a chassés des Flandres.
Après Blenheim, la guerre semblait pratiquement terminée. Louis tenta de demander la paix, mais les conditions étaient inacceptables. L'Angleterre, à la demande des Portugais, s'engagea dans une invasion de l'Espagne, dans le but d'installer le candidat autrichien sur le trône. Cela se révéla être une erreur coûteuse, car les Espagnols, fermement attachés au roi "légitime" Philippe, opposèrent une résistance acharnée.
En 1711, l'empereur d'Autriche, qui était également le candidat des Habsbourg au trône d'Espagne, meurt. L'Angleterre, qui n'a jamais été enthousiaste à l'idée d'une fusion des couronnes autrichienne et espagnole, conclut une paix séparée avec la France. Le prince Eugène est battu dans les Flandres après la victoire du maréchal français Claude Louis Hector, duc de Villars, à Denain, le 24 juillet 1712, éliminant ainsi la menace directe que le prince Eugène faisait peser sur Paris.
En 1713, le traité d'Utrecht reconnaît Philippe comme roi d'Espagne et des Antilles et laisse à la France la rive gauche du Rhin supérieur. Les Pays-Bas espagnols sont cédés aux Autrichiens, ainsi que Naples et Milan. Les forteresses des Flandres sont données aux Hollandais. La Sicile et Nice sont cédées à la Savoie. L'Angleterre réalise d'importantes conquêtes au Canada français, ainsi qu'à l'étranger.comme le maintien de Gibraltar.
À sa mort, en 1715, Louis XIV peut se targuer d'avoir irrévocablement brisé l'anneau des Habsbourg autour de son royaume et d'avoir transformé la France, entité en difficulté et politiquement divisée, en première puissance du continent européen.
Cet article a été rédigé par K.K. Campbell et publié à l'origine dans le numéro de décembre 1997 de la Revue de l'Union européenne. Histoire militaire magazine.
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